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L’incontournable imposture d’être : l’incontournable…

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tic tac – tic tac – tic tac… Le bruit s’affirme au fur et à mesure que je vois un point rose se multiplier pour devenir un embryon puis un foetus.

« Depuis que ton zygote s’est bien accroché, a commencé pour toi LE COMPTE À REBOURS qui inéluctablement t’a déversé LÀ ! » me dit LA VOIX alors que de l’image du foetus est aspirée par celle de ma tombe. driant-tombe-provisoire--25e0b18Dring !!! une sonnerie stridente de réveil matin annonce ma naissance. Toujours accompagnée du rythme cadencé de mon horloge biologique, se déroule alors en accéléré toute mon évolution physique de mon accouchement à ma mort,

en passant par ma croissance, mon adolescence, ma jeunesse adulte puis vers la trentaine le début le ma décrépitude avec une décroissance presque imperceptible puis progressive du tic tac de mon coeur, jusqu’au silence implacable de ma mort. Ma tombe rejaillit brusquement et finit par s’estomper elle aussi lentement en se délabrant dans la brume de l’oubli. driant-3Mais, ce qu’il y avait de plus frappant pour moi, c’est que tout au long de cette rétrospective, J’AVANÇAIS À RECULONS !!!!

T-Bear tournant résolument le dos à son avenir pour essayer de fixer le présent - photo Madeleine Cardin

T-Bear tournant résolument le dos à son avenir pour essayer de fixer le présent – photo Madeleine Cardin

« Le compte à rebours se fait toujours en tournant le dos à l’avenir. C’est pour ça qu’on ne le voit pas et qu’on a l’impression d’avancer en aveugle » Me dit la voix. « Alors que nos pas foulent un présent perpétuellement dépassé, nos yeux sont fixés sur le passé qui fuit. Et notre cerveau en FALSIFIE l’histoire en notre faveur ou en notre défaveur suivant les circonstances extérieures, notre psyché et nos états d’âme du moment. norman-rockwell-the-gossips« C’est ainsi que la même anecdote peut-être racontée ou interprétée avec des variantes à l’infini, et ceci en toute sincérité et conviction.« 

Mais qui es-tu donc, toi qui m’enseigne ?

(à la prochaine)

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L’incontournable imposture d’être : damnation

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… comme dans un manège qui démarre, je me sens lentement entraîner en rond. manege2Je monte et je descends dans une alternance de sensations binaires : souffrance (faim, irritation due à une couche souillée, réveil brutal à cause d’un bruit), plaisir (ventre repu, bain chaud, murmure apaisant) et vague conscience d’être aimé. Et puis, le manège s’accélère au fur et à mesure que des émotions nouvelles viennent s’ajouter et que ma dépendance se transforme avec l’évolution de mon corps. chat-bebeLa souffrance se nuance de la révolte de ne pas être instantanément écouté, servi, rassuré… et le plaisir commence à dépendre de la nécessité de séduire. Et plus j’avance en âge, plus le gentil manège se transforme en tourbillons d’émotions de plus en plus intenses dans un méli mélo d’attraction et de répulsion, de soumission et de révolte, de violence et de douceur. cartoon-tornado-vector-material_15-3592Les hormones de l’adolescence m’arrachent impétueusement à la sagesse et à la raison dans une tornade émotionnelle difficilement contrôlable. Dans l’oeil du cyclone, je tourne follement en rond entre les deux pôles de pulsions de rébellion et de la jouissive extase.

par Steven

par Steven

Des démons qui deviennent anges et des anges qui se transforment en monstres m’assaillissent tantôt hurlant et bavant, tantôt me caressant avec un sourire enchanteur. Je me sens ballotté entre le désespoir et la félicité. La fureur de vivre alterne avec l’envie de mourir pour en finir avec la perturbation confuse de mes émotions contradictoires. Et puis, et puis, peu à peu le maelström s’apaise. bateau de croisièreBrève image idyllique d’un bateau de croisière avec ma femme et mes enfants. Le calme apparent n’est que relatif. Mal de mer sournois dû au tangage des désirs et des contrariétés. Houle des anxiétés de perdre les biens matériels et la face. Mal d’être en sourdine… supportable pour le moment. mal-de-mer-300x300Illusion de prospérité à travers la brume opiacée d’une routine qui paraît bien ancrée et qui dupe les rêves de jeunesse. Dettes et revenus en vagues de plus en plus fortes secouent la galère cv_rameret je rame. Je rame à contre courant. Je rame dos à la proue comme il se doit, ce qui fait que je ne vois pas arriver orages et tempêtes qui se sont accumulés et qui se vont se déchaîner sur ma tête. Je rame à reculons pour faire avancer la barque et je ne vois pas les écueils d’autant plus que ma pilote m’a largué en route en prenant un canot de sauvetage avec les enfants. ramer-rockwell-kentEt c’est mon naufrage dans une marée d’alcool. Retraite anticipée, retraite forcée qui m’isole dans mon vice. Plus je vieillis et plus je m’enfonce dans un marais de solitude de plus en plus vaseux. dandelucaQuelques bulles nauséabondes de hargne, de rogne et de grogne remontent à la surface pour prouver que je ne suis pas encore noyé. Les sangsues médicales rongent mes petits maux, grands maux de vieillard cacochyme et les gros mots du grincheux. Dégoût de moi-même. fmurrMais plus je me dégoûte, plus je souffre et plus je m’accroche, je m’agrippe, je me cramponne, je me débats désespérément tellement j’ai peur de crever. Plutôt souffrir mille morts que de mourir à de vrai. Et puis voila, un simple éternuement… et j’ai passé de l’autre côté. driant-tombe-provisoire--25e0b18« Est-ce cet enfer, cette damnation que tu regrettes au point de sangloter en te sachant mort ? » Me dit la voix. la-vie-et-rien-d-autre-poster_107104_7103Alors là, il n’a rien compris celui-là. La vie c’est être, tandis que la mort, c’est rien, le vide, le néant… « la délivrance peut-être ? »

Mais qui es-tu pour me parler de même ? 

(à suivre)

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L’incontournable imposture d’être : imposteur sans le savoir.

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(suite de et de et de et de)

… J’entends des halètements et sort de mon brouillard un couple qui copule. Du moins je ne vois que la partie supérieure du corps houleux d’une femme qui gémit et c’est ma mère. Est-ce mon père qui la besogne ? Aucune image pour me le confirmer. « La paternité n’est elle pas qu’une question de foi ? » Persifla la voix. Inaudibles à l’oreille humaine, ses neurones s’exclament uniquement : jouir ! Jouir! JOUIR !… Tandis que le cerveau de ma mère invoque : Je veux une fille, une fille, fille, FILLE aaAHAaah… CE SERA UNE FILLE !!!!amour-homme-femme-couple« Imposteur dès ta conception » ricana la voix. Le brouillard recouvre la scène et je me retrouve à nouveau en train d’être expulsé du ventre de ma mère à mon accouchement. Une voix féminine crie joyeusement : c’est un GARÇON ! test-apgar-nouveau-neEn plus de toutes les misères qui brutalement viennent de heurter mes débuts dans la vie, en plus de la détresse d’être férocement séparé de ma mère, je ressents comme en un tsunami la vague déferlante de sa déception, de sa frustration et de sa rage. À travers la lumière aveuglante, je vois en flou ce que mon esprit actuel reconnaît comme la chambre de mes parents dans mon enfance. Un flux de ma génitrice me fit suivre son regard jusqu’à un portrait accroché au mur.

Benito Mussolini

Benito Mussolini

Miraculeusement il fit fondre la fureur de ma mère et elle s’écria : Benito ! Puisque tu es un garçon, tu seras Benito. Ce portrait, je le reconnais très bien, c’est celui de Benito Mussolini qui resta dans la chambre de mes parents jusqu’à la mort ignominieuse du Duce au printemps 1945. Son effigie finira dans l’amoncellement des indésirables rejetés au moment de notre déménagement à Issy dans la banlieue de Paris. Pourquoi ce dictateur fasciste ? « Bien que née en France ta mère au doux prénom de Conchita était d’origine italienne de par ses parents ouvriers et ne reçut la nationalité française  qu’en épousant ton père très français, lui. Elle aimait d’un platonisme presque adultérin le Duce qu’elle trouvait… beau... » mussolini-militarym’expliqua la voix avec une ironie méprisante. Pendant cette explication, mon esprit se déplaça jusqu’au secrétariat de la mairie de ma ville natale de Mazamet où le secrétaire de mairie refusait vigoureusement et obstinément de m’enregistrer sous le prénom de Benito. Un compromis me sauva de l’infamie et je fus inscrit pour la vie en tant que Benoît. « Deuxième imposture » me rappela la voix. « Arrivée à Issy dans un milieu ouvrier très rouge, ta mère effaça d’un trait son passé fasciste en devenant une fervente communiste. D’autant plus que Joseph Staline devint sa nouvelle idole parce qu’elle le trouvait… BEAU ! (dérision dans la voix de la voix) stalinTa chère maman obstina ton père pour officiellement ton prénom démodé et trop catholique en celui de Joseph. Bien qu’à l’époque il n’aurait subi aucune contestation de la part du secrétaire d’une mairie rouge, ton père était trop flemmard pour entreprendre de telles démarches administratives. Finalement ton papa eut gain de cause en lui faisant remarquer qu’en France, Joseph, ça faisait un peu… juif. » Et là la voix partit d’un immense rire complètement humiliant pour ma personne… driant-3« qui n’est plus personne ! » Me fit-il méchamment remarquer, comme si il lisait dans mes pensées. « Comme jamais 2 sans trois, la troisième et la plus longue des impostures, c’est toi même qui l’a tricotée autour de toi même tout au long de ta vie au point de t’en faire une côte de maille. »

Mais qui es-tu donc pour connaître ce que j’ignorais moi-même ?

(suite au prochain billet)

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L’incontournable imposture d’être : des marionnettes

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(suite de et de et de et de et de)

« Ainsi font, font, font /les petites marionnettes/ Ainsi font, font, font/ 3 p’tits tours et puis s’en vont… »

chante mécaniquement ma maman devenue marionnette de bois. J’ai 3 ans. Je suis une poupée qui s’esclaffe  en suivant le rythme mécanique de chacun des genoux en bois de ma mère. Changement de plan, je vois mon père déguisé en soldat de plomb rejoindre une armée d’autre recrues. jouet-ancien-12-soldats-de-plomb-creux-1930-guerre-14-18-le-defile-3583404« Au pas camarade, au pas, au pas, au pas » scandent ces automates qui se dirigent au pas cadencé vers la guerre. Et puis le retour titubant du faux simili guerrier, guignol de la débâcle. Papa n’a été ni tué ni blessé ni fait prisonnier, il vacille parce qu’il est tout simplement… soûl. pinocchioChangement de perspective, c’est moi petit enfant en Pinocchio. J’apprends à mentir pour éviter les baffes et mon nez prend l’élasticité de mes mensonges. tb_cafardEt puis je me transforme en cafard quand je rapporte à ma mère ce que fait mon frère. Pour me venger de me faire cogner par lui qui a 3 ans de plus que moi et qui est jaloux de l’attention que me donne SA maman. ecolier1900Voici que je deviens un gavroche de la cambrousse en béret, pèlerine, tablier noir, culotte courte et chaussette longue qui se traîne comme une limace vers l’école communale. En nous tirant les oreilles en guise des ficelles du pantin, le « maître » tente de nous inculquer les principes de la comédie humaine. En même temps que la table de multiplication et les départements français, avec la panoplie des gros mots, le principal apprentissage vital devient la violence, la sournoiserie et la flagornerie.PETAINAu dessus de l’instituteur, le portrait du Maréchal Pétain nous apprend à admirer les Allemands et à haïr les juifs. C’est la guerre depuis 4 ans mais nous n’avons pas encore entendu le canon dans notre Montagne Noire, ni vu un uniforme. Les vainqueurs occupent ailleurs, au nord de la ligne. Nous sommes en France libre. 59---sabotagePas pour longtemps. Premiers sabotages des « partisans ». « Des terroristes » comme disent mes parents en léchant la propagande de Vichy. Dans le salon, Pétain, que maman trouve beau mais trop vieux, nous domine de son regard dominateur et glacial. Et toujours Mussolini dans la chambre conjugale. Fantoches qui vont disparaître bientôt. wermarthArrivée des soudards vert de gris. Les doryphores « qui viennent jusque dans nos bras égorger nos femmes et nos enfants. Aux armes, ô citoyens ! » et leur sang impure abreuva nos sillons. Libération. Des pantins mitraillettes en main poussent des poupées scalpées ou nues pendant qu’une foule de marionnettes pantomiment leur haine avec le même enthousiasme qu’ils chantaient « Maréchal Nous voilà ! » même pas 1 an avant, comme l’instit, celui qui crie le plus fort.

Bordeaux France 19 août 1944

Bordeaux France 19 août 1944

Et notre famille quitte en catastrophe un toit un peu trop brûlant pour nos polichinelles de parents qui n’ont pas su se convertir à temps. poupé1947. Une poupée vagissante investit le nouveau logement. Enfin la fille tant attendue ! Les jupes protectrices de MA maman se transforment en rideau de fer. L’usurpatrice m’en exclut en même temps que du cocon de mon enfance. tf-metamorphose-5Métamorphose de la chenille en chrysalide de l’adolescence. Bouffon qui tourne sur lui même comme toupie, déchiré  entre désespoir et extase, pulsions sexuelles et feu d’artifice d’idées et de rêves où je me faisais HÉROS en haut de l’affiche.

Venues des nues, tourbillonnent autour de moi des nuées de confettis comme ces nuages d’étourneaux dans un ciel de printemps. J’en attrape au vol, ce sont mes belles pensées du temps de mes illusions. Elles retombent en tas au son de la trompette guerrière. soldat claironRoulement de tambour et sonnerie du clairon capturent le papillon en train de sécher ses ailes avant son envol. « Au pas camarade, au pas, au pas, au pas » chante « la musique qui marche au pas (Brassens)« . paraElle n’est plus de plomb mais de plastique, cette chair à canon que l’on transporte outre Méditerranée pour une autre guerre. Comme papa, j’échappe au massacre inutile, planqué comme coiffeur de boules à zéro. boule à zéropar supercherie, j’usurpe l’habit du guerrier à mon retour pour impressionner les filles. En pénurie de garçons éliminés par la mitraille, elles tendent leur toile à tous les survivants pour les métamorphoser en futurs pères de famille et pourvoyeurs. La libération de la femme n’était pas encore à l’horizon. Et j’en profite, moi, le foireux rescapé. Mais tant va la cruche (moi) à l’eau qu’elle finit par emplir une fille. À l’époque, on ne plaisantait pas avec la « présomption de paternité » et les tests d’ADN n’existaient pas. Un homme se devait de « réparer » par le mariage. Du même coup, le papillon perdit ses ailes. metro-boulot-dodoMétro, boulot, un coup dans le nez, une petite vite le soir au fond du lit, dodo. Et tous les jours ça recommence. Je deviens un robot même plus pensant qui s’enfonce peu à peu dans les brumes de l’automne puis les froidures de l’hiver. Trois petits tours et puis s’en vont… LÀ ! driant-tombe-provisoire--25e0b18Mais c’est nul ! Mais enfin, bordel de merde, ma vie NE PEUT PAS être aussi minable que ça ! C’est trop facile de réduire mon vécu à ÇA, à cet horrible carnaval de dupes dépouillées de sentiments. Et toutes mes émotions et mes pensées, alors, où sont elles ? « Bonne question » Me répond la voix. Ah ! Je l’avais oublié celui-là. 

Mais qui es-tu Monsieur je sais tout ?

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L’incontournable imposture d’être : la danse nuptiale de la fiction avec la réalité

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(suite et fin de et de et de et de et de et de)

… devant ma tombe, j’attendais avec impatience la réponse de LA VOIX quand ce fut celle d’un enfant qui me demanda : « Dis, tu veux jouer avec moi ? » Un petit garçon vêtu d’automne et au garde-à-vous levait la tête dans ma direction. ImpressionD’habitude et par principe, je déteste autant les enfants que les animaux de compagnie. Ces 2 catégories sont bruyantes, intempestives et vampirisent votre attention. Mais là, l’incongruité de cette présence m’a déstabilisé. fantômeÉtait-ce un mirage ? Ou bien le fantôme d’un enfant ? Ou bien un de mes arrière petits-enfants qui me conviait ? À la réflexion, à cause de son âge, il ne pouvait pas être un de mes descendants, d’autant plus qu’il parlait français avec un drôle d’accent. ImpressionLe petit être répéta sa question : dis, tu veux jouer avec moi ? Et après réflexion il ajouta : s’il vous plaît.  Il ne me plaisait pas, mais je ne sais quelle inepte émotion me fit littéralement fondre… et… j’accepta. Sautant de joie, il me prit par la main et nous nous retrouvâmes en plein été dans un carré de sable à jouer avec des figurines de monstres dans et autour d’un château fort de sable. carré de sableIl ne portait plus qu’un bermuda qui lui descendait en dessous des genoux. Et moi… et bien moi, j’étais habillé avec les vêtements ridicules de mon enfance. Mais après m’avoir jeté un coup d’oeil étonné, il n’en fit plus cas. Il commença à m’expliquer son jeu. Heureusement que je pus voir dans sa tête à quoi correspondait chacun des personnages. figurines monstresIls provenaient de plusieurs jeux électroniques dont des séquences défilaient sporadiquement et au besoin dans sa mémoire. Je fus choqué par la violence grotesque et extrême de ces images qui n’étaient incontestablement pas de son âge. Mais lui-même semblait trouver cela naturel, comme si on lui avait raconté le petit chaperon loup et le grand méchant loup. Pourquoi faut-il que les contes pour enfant soient aussi effrayants ?chaise longue 2N&BSoudain j’entendis une voix féminine demander : mais à qui tu parles ? Je vis alors une jeune femme d’une trentaine d’années en maillot de bain frisant la nudité étendue sur une chaise longue, avec un livre de poche à la main. « J’explique à mon nouvel ami mon jeu » répondit le bambin. « Mais il est OÙ ton nouvel ami ? » « LÀ ! » répondit-il avec agacement en me montrant du doigt. Mais incontestablement j’étais parfaitement invisible pour sa maman, ce qui me confirma que MOI, le disparu, j’étais bien dans le monde des vivants. Avec le sourire condescendant des grandes personnes elle questionna : et comment s’appelle-t-il ton nouvel ami ? « Benoît » répondit-il en haussant les épaules. Alors là, ça m’a scié. Comment pouvait-il savoir ? « Benoît ? – s’étonna la mère – c’est pas courant. Y a-t-il un enfant à la garderie qui porte ce nom ? ». Exaspéré, le petit cria presque : mais non, laisse moi jouer ! chaise longueLa mère reprit son livre en secouant la tête et en s’exclamant fièrement : Quelle imagination ! À ce moment là entra dans le jardin une fillette d’environ 6 à 7 ans. Dans l’esprit du petit, je perçus en même temps que c’était sa soeur Hélène et une hostilité certaine. Elle était suivie de son « amie »… translucide vêtue comme les petites filles modèles du XIXe siècle.

Fillette à la rose par Antoine Bourdel

Fillette à la rose par Antoine Bourdel

Quand cette dernière m’aperçut, elle se métamorphosa en une vieille vieille dame de la même époque qui me salua en se présentant : Comtesse de Ségur née Rostopchine. Instantanément elle redevint la fillette des temps anciens et se présenta à nouveau dans une révérence : Sophie de Rean.  Mais mais mais, pensais-je, vous ne pouvez-être en même temps l’auteur et le personnage du roman !

Comtesse de Ségur

Comtesse de Ségur

« Et pourquoi pas ? – me dit LA VOIX – Tu as bien été simultanément le minable coiffeur de la réalité et le héros imaginaire de la guerre d’Algérie, non ? » Son ironie m’expulsa du paradis terrestre du carré de sable. Je redevins… Mais qui ? Qui étais-je maintenant que j’étais mort… peut être depuis des siècles ? Complètement confus en même temps que mortifié, je me mis à hurler en répétant ma question :

- Mais qui es-tu à la fin ?

- Oh là ! Oh là ! Ne te fâche donc pas comme ça. C’est pas bon pour ta santé.

- Et en plus tu te fous de ma gueule. Les morts n’ont pas à se préoccuper de leur santé.

-Physique ! Certainement. La mort est un long processus et ton corps est la partie visible de toi qui se détériore en premier. Et depuis, ta santé mentale est en train d’en prendre plein la gueule. Comme si le plus important dans un livre, c’était la couverture et non le contenu.

- Mais vas-tu à la fin répondre à ma question ?

- Oui, il est temps que tu le saches. Je suis ton créateur.

- DIEU ?

- Superpapa ou autre démiurge ? Pas du tout. Non, je suis l’auteur de tes jours.

- Papa ?

- Oui et non. Au propre, peut-être suis-je ton père à travers  son spermatozoïde victorieux. Mais il s’était déjà détaché de lui et donc il ne lui appartenait plus. Quand au figuré, au jour le jour, je suis l’auteur de tes fictions.

- Mais qu’est-ce que c’est que tout ce charabia ? Voudrais-tu dire que je suis un personnage de fiction et que tu en es l’auteur ?

- Dans le monde de l’enfance où est la frontière entre monde réel, personnage imaginaire ?

Jin LingÀ ce moment là, j’entendis l’écho de pas s’approcher comme dans les couloirs noirs des filmes fantastiques. Un écran géant s’illumina et fut traversé par un personnage dont la tête apparut en dernier et c’était

MOI !

Je sus tout de suite que c’était moi. Mais un moi indéfinissable en perpétuel changement dans une fluctuation de couleurs et de sensations diverses. Alors mon MOI d’ici et ce MOI  là fusionnèrent et, comme Alice, traversèrent le miroir du mot

FIN 

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Quelle Zèbre !

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T-Bear avait écrit ce conte le 24 septembre 2012. Il le remet en ligne (avec quelques modifications) suite au nouvel amendement au code civil français reconnaissant que les animaux sont doués de sensibilité qui ne concerne QUE les animaux domestiques ou d’élevage et n’englobe donc pas les animaux dits sauvage

Il était une fois une jeune adolescente zèbre qui était pensionnaire depuis sa naissance dans un pénitencier pour animaux que les humains appellent zoo avec un Z comme dans Zèbre. Comme tous les animaux, elle était sensible, curieuse et réfléchie. jeune zèbreElle avait compris que ses domestiques étaient les bipèdes qui s’occupaient d’elle et des autres animaux, mais qu’il ne fallait pas s’y fier. Même s’ils étaient leurs serviteurs, ils se croyaient d’une intelligence supérieure et se prenaient pour les maîtres. Si la zèbre avait été humaine elle aurait comparé l’attitude des employés du zoo à celui des politiciens envers le peuple qui pourtant les paie.

Chers administrés, je vous ai assemblé pour savoir à quelle sauce vous voulez être mangés Mais nous ne voulons pas être mangés Là n'est pas la question caricature du XVIIIe siècle

Chers administrés, je vous ai assemblé pour savoir à quelle sauce vous voulez être mangés
Mais nous ne voulons pas être mangés
vous vous écartez de la question
caricature du XVIIIe siècle

La nourriture était bonne et abondante, l’eau fraîche, l’abri confortable et la litière était changée tous les jours. Son quotidien lui était donc assuré sans soucis. Même si des lions rugissaient à l’opposé du zoo et si les hyènes ricanaient à sa droite, elle se savait parfaitement en sécurité, les hautes clôtures étaient là pour la protéger d’eux. Curieusement cet enclos avait rétréci au fur et à mesure qu’elle y avait grandi et elle se sentait maintenant un peu… à l’étroit. zebre-hilareGraduellement et parce qu’elle était intelligente et sensible, à cause du manque de soucis s’insinua l’ennui. Le confort et le désoeuvrement génèrent les états d’âme qui mènent sans qu’on s’en rendre compte à la dépression. Les humains l’ont bien constaté dans de nombreux et coûteux rapports d’experts anonymes : les clients des psychologues sont très rarement les habitants des pays où sévissent la guerre ou la famine ; ils n’en ont pas le temps, ils meurent avant. Sans un frisson de peur et sans un effort, la vie devient vite plate à mort.

Sans un peu de frisson on s'étiole dans l'ennui

Sans un peu de frisson on s’étiole dans l’ennui

Comme tous ses voisins, elle commença à déprimer, même si les serviteurs faisaient tout leur possible pour lui rendre la vie agréable. Quelque part en elle un doute existentiel se faufila comme un virus : est-ce bien la destinée d’une zèbre que de passer toute sa vie dans une cage, même dorée ? Quelle est ma véritable raison d’ÊTRE se demandait-elle ? Elle posa la question à ses voisins, mais ils étaient depuis trop longtemps englués dans leur asthénie pour même prendre conscience du bien fondé de la question. CZECH-ANIMALS-ZOO-FILM-OFFBEATComme elle était encore jeune et donc aventureuse, elle décida de s’évader pour explorer le monde et créer son destin plutôt que de se déliter en se languissant pendant le reste de sa vie dans le bien-être et l’indifférence. Un jour où son serviteur trop confiant avait laissé la porte ouverte, elle s’enfuit pendant qu’il versait son picotin dans la mangeoire. La chance lui sourit et elle put prendre la clé des champs sans qu’on s’en aperçoive à temps.

(suite au prochain billet… sauf imprévu)

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Quelle Zèbre (suite et fin)

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(suite DE)

Le zoo avait été construit en pleine campagne. Une fois hors les grilles, elle vit les champs et les près s’étaler à perte de vue à travers vallons et douces collines. Ivre de liberté, elle s’en donna à coeur joie de galoper d’abord le plus loin possible de sa prison et ensuite juste pour le plaisir. Après s’être bien dégourdie les pattes, avoir rué et fait des sauts de cabri tout son saoul, elle commença à brouter avec ravissement l’herbe fraîche de la liberté. zèbre-galopant-25732041Attirée par l’odeur de l’eau qui coule, elle s’approcha d’un ruisseau qui chuchotait sous les arbres. Et là, elle entendit pour la première fois de sa vie les grelots, la pluie des sabots et les bêlements d’un troupeau de mouton. Prête à fuir mais intriguée, elle attendit de voir qui s’approchait. La première à déboucher du rideau d’arbre qui bordait l’autre rive du ruisseau fut la vieille brebis avec son indéfrisable, meneuse de troupe.  mouton8Celle-ci lui adressa un bêlement de bienvenue et après avoir échangé les politesses d’usage, la fugitive lui posa pour la première fois la question  qui l’obsédait tellement et qu’elle ne cessera plus de répéter par la suite à chaque nouvelle rencontre « Hi ! Ha ! (expression courante et polyvalente chez les zèbres en prémisse à toute conversation) Quelle est ta raison d’être ?«   La brebis lui répondit « La providence est mon berger. C’est lui qui me protège et assure mon bonheur. En compensation, je lui donne ma laine et mon lait et mes côtelettes s’il le fallait. » « Hi Ha ! – dit la zèbre – En somme tu lui donnes ta vie en échange de sa protection. Est-ce ça ta vocation ?«    « Béééé oui et je n’en connais point d’autre. » Peut être était-ce aussi ma destinée de laisser ma peau à mes serviteurs si j’étais restée – réfléchit-elle en s’éloignant après s’être désaltérée. Quelques galops plus loin, notre Zèbre rencontra des vaches. vache1Elle posa la même question à la plus proche qui avait l’air bien aimable. Celle-ci lui répondit : « La providence est mon bouvier. C’est lui qui me soigne, me nourrit l’hiver et me trait quand mes pis sont trop gonflés. En échange, je lui donne mon veau et ma peau et ma chair et mes os à la fin de ma vie. » « Hi Ha! Est-ce là ta seule destinée ? » s’étonna la zèbre. « Meuh oui ! C’est pour ça que je suis née. » La jeune zèbre s’éloigna tristement en secouant la tête. Et puis le sentiment de ne pas être comme ces autres, d’être libre et surtout sa jeunesse l’emportèrent impétueusement dans un nouveau galop ponctué de ruades. ruade-zebresÀ l’approche d’une ferme elle fut perturbée par l’odeur nauséabonde d’un tas de fumier qui fumait dans l’air du matin. Elle allait rebrousser chemin quand elle avisa des poules qui picoraient dans ce dépotoir. Comment pouvait-on vivre dans une telle déchéance ? Pourtant elles semblaient être libres d’aller où bon leur semblait sans clôture ni haie, mais surtout, elles avaient l’air contentes de leur sort malgré leur misère. Alors la zèbre intriguée posa à une mère poule sa question récurrente. fumier poule« Coqu’tu d’mandes là ? – caqueta la poule – C’est bien connu. La Providence est mon fermier. C’est à lui ce fumier qu’il m’autorise à gratter. De plus, dans sa bonté suprême, il me donne la becquée quand l’hiver dure tard et en plus il me protège des renards. En retour je lui laisse mes oeufs et mes poussinets, quand ils sont devenus poulets. Je ne mourrais pas en vain, car il me dégustera en coq au vin. » poule_au_pot-2

Pour la première fois de sa vie, La zèbre connut la peur qui lui donna des ailes pour fuir au triple galop.  » Hi ! Ah ! Que j’ai bien fait de fuguer loin de ces bipèdes trop gentils pour être honnêtes. S’Ils me traitaient aux petits oignons, c’était pour mieux me déguster en bourguignon. Mais moi, zèbre de qualité, je sais que ce n’est pas là ma destinée. Fuyons, fuyons tant qu’il est temps loin de tous ces méchants. » Et d’accélérer sa course. taureauSoudain, elle entendit comme un rugissement profond et long. La panique la figea sur place. Heureusement, ce n’était ni un lion ni un bipède, juste un autre genre de vache à l’air malcommode, le front bas les sourcils farouches qui la regardait d’un air… louche. Elle remarqua qu’il avait le pis curieusement distribué sur son ventre. « Hi ! Ha ! Là, là ! Calmez-vous. - puis comprenant soudain d’instinct sa naïveté - ô, je sens, ô je vois que vous êtes un Monsieur. Vous êtes bien de toute ma vie le premier de votre genre que je rencontre et je ne sais pourquoi, je ressens au fond de moi un certain émoi. Comme pucelle je suis, veuillez en douceur et galanterie me dire quelle est votre raison d’être. » « ôte  donc ton habit de forçat avant que je ne te l’arrache et tu vas tout de suite comprendre.«  lui répondit le mufle. Et dans une folle corrida, la pauvre vierge de se carapater, avec au derrière un mâle en rut bien appâté. Elle pénétra à fond de train dans la ferme et d’un bond sauta par dessus un fort portillon pour ne pas se faire sauter par la brute. Mais la pauvre zèbre s’aperçut qu’elle n’était pas sortie de la merde. Elle avait glissé en s’enfoirant dedans les quatre fers… euh… sabots en l’air car il y en avait partout. zèbre sur le dosUn grognement s’éleva de derrière elle. « Ouhè ! Bienvenue chez moi. » La pauvre zèbre se remit tant bien que mal sur ses pattes et regarda qui l’accueillait. C’était un cochon tout rose… un peu… souillon… mais qui avait l’air bien convivial malgré son air moqueur. Pour s’excuser, elle lui raconta en quelques mots sa provenance et ses aventures de zèbre libre. Et bien entendu, elle lui posa la question à laquelle elle tenait tant.  « Sauf le taureau qui se prend lui-même pour l’émanation de Dieu, tous les autres se croient des bienheureux car ils ont la foi. Mais moi, je l’ai perdue parce que je pense, donc je suis malheureux. Les bipèdes qui me prennent pour sot m’appellent pourceau et me désigneront comme porc quand je serai mort. »

cochonIl se mit à grogner une chanson de troupe autrefois séditieuse :

Le fermier est notre père,

c’est lui qui nous nourrit

Avec des pommes-de-terre

Et des fayots pourris

Mais s’il emplit mon auge,

C’est pour que j’engraisse.

Et s’il nettoie parfois ma bauge

C’est pour mes belles fesses

Qui feront de bons jambons.

Que je sois sage ou polisson,

Je ne suis pour eux qu’un cochon

Qui finira ses jours en saucisson.

saucissons

« Mange et sois mangé, c’est la grande loi de la vie sur Terre »  poursuivit le goret. « Mais qui les mange, eux, les humains qui dévorent tout ? » demanda affolée la pauvrette. « ils se bouffent les uns les autres. Il n’y a pas pire prédateur pour un humain que son semblable. » Mais la zèbre s’était déjà envolée par dessus le portillon. Et parce qu’elle était jeune, curieuse et pleine d’espoir, elle reprit sa quête de la raison d’être. À notre connaissance, elle court toujours.

Être n’aurait-il de raison que celle qu’on lui donne ?

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Le pêcheur bienheureux

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Il y avait une fois dans la constellation des poissons un prince et une princesse beaux comme des dieux et qui s’aimaient de fol amour.

constellation des poissons

constellation des poissons

Malheureusement pour eux, comme ils n’étaient que fiancés, ils étaient partout chaperonnés par des robots paparazzis enragés qui empêchaient leur passion de s’épanouir normalement ne serait-ce qu’une seconde. Leurs moindres gestes étaient filmés pour être rapportés et observés à la loupe par le Conseil du Patriarcat.

Le conseil des patriarches

Le conseil des patriarches


Les patriarches étaient rendus si tant obtus par leur intégrisme que même s’effleurer l’ongle du majeur par mégarde était considéré comme pêché mortel pour les non mariés. Car 
le pilier central mais ô combien vulnérable de l’ordre, de la morale et de la structure sociale de cette civilisation reposait entièrement sur l’hymen immaculé de la femme avant le mariage. déchirer son hymenLes malheureux amoureux étaient à la torture si tant tellement que leurs nounous compatissantes conspirèrent pour détourner l’attention des paparazzi. Elles envoyèrent deux hologrammes pour remplacer les 2 soupirants. L’imitation fut si parfaite qu’elle leurra effectivement leurs cerbères pendant 1 seconde d’éternité. Mais cela suffit à nos deux tourtereaux pour s’envoler à tire de réacteurs vers une planète lointaine supposée inhabitée mais habitable.

tuvalu-ileIl y règne un printemps éternel et son unique continent brodé de forêts et ajouré de clairières forme comme une immense île, l’île du bonheur simple. Elle est entourée par l’océan des âges qui lèche dans son souffle de paix les plages de sable blanc comme neige et doux comme talc sur fesse de nymphe émue. Pourquoi ce paradis n’est-il pas encore exploité à fond par la faune prédatrice des investisseurs, des promoteurs et des entrepreneurs ? C’est qu’un féroce trou noir en a la garde. Incorruptible et impitoyable envers les méchants, il est sensible aux malheureux et donc aux amoureux. D’un battement de paupière complice il laissa passer les amants enflammés.

Baiser brûlant - peinture T-Bear

Baiser brûlant – peinture T-Bear

La flamme de leur premier baiser fut tellement ardente qu’ils en oublièrent toute promesse de retenue. Encore dans les airs, s’embrasent à leur tour leurs corps. En consommant ils se consument si tant tellement qu’ils durent se jeter à la mer pour ne pas être entièrement calcinés. Une fois leurs désirs rafraîchis, les voici saisis d’une autre faim toute aussi puissante, toute aussi naturelle mais non censurée par le patriarcat. Un irrésistible fumet de poisson grillé attira comme aimant nos amants rassasiés autant qu’affamés vers une petite baie.

Pêcheur heureux - peinture T-Bear

Pêcheur heureux – peinture T-Bear

Un pêcheur solitaire enfant unique de l’océan des âges, lseul habitant de la planète, rôtissait les fruits de son labeur sur un gril  au dessus d’un feu charmant de sarments. couple nuLe couple sortit de la mer en se tenant par la main, vêtus de leur seule infinie tendresse. Mais ils n’en conçurent aucune gêne tant le regard chaleureux et le sourire accueillant du pêcheur les habillait de simplicité. D’ailleurs n’était-il pas lui-même ceint que d’un simple pagne ? Il partagea avec joie ses poissons et quand tout le monde fut rassasié et bien heureux, l’homme qui les avait nourri remercia le couple.lepreux1

- Pourquoi nous remercies-tu, lui demanda le prince, alors que c’est nous qui te devons gré ?

- Parce que moi, le solitaire, j’ai connu la joie d’admirer en vous l’amour, la jeunesse et la beauté réunis et puis parce qu’à moi, le démuni, m’a été offert la possibilité DE DONNER à des êtres comblés.

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Le cheval, le coq et le fermier

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Il était une fois dans une ferme un vieux cheval qui se mourrait de chagrin. Son ami le chien qu’il avait vu naître venait d’être euthanasié à cause de son âge. La vie des chiens est 2 fois plus courte que celle des chevaux, mais les animaux n’ont pas une notion très nette de la longévité. cheval-chien-jouent-ensembleN’ayant plus d’appétit ni goût pour la vie, le cheval devint neurasthénique et ses forces peu à peu l’abandonnèrent. Tellement qu’un matin il n’arriva plus à se relever. Le fermier aimait son vieux compagnon de labour. Il appela le vétérinaire même si ça coûtait cher. Après l’avoir bien examiné, l’homme de science dit au fermier que le cheval était probablement en train de mourir de vieillesse, même s’il n’en avait pas tout à fait l’âge. cheval-islandais-du-lac-myvatnSon verdict tomba comme une hache : si dans 3 jours l’animal n’arrivait toujours pas à se relever, il vaudrait mieux l’euthanasier par compassion. Le fermier était tout triste mais résigné à épargner des souffrances à son camarade de travail, comme il l’avait fait pour le chien. 

coq chevalLe coq de l’écurie avait tout entendu. Il connaissait la véritable cause du problème de son copain le cheval et ne voulait pas le perdre lui aussi. Il lui cria à l’oreille : à quoi servent tes larmes, elles ne feront pas revenir à la vie notre ami. Et si tu ne te relèves pas d’ici 3 jours, ils vont te tuer toi aussi et moi je vais rester tout seul. Allez, fait un effort, lève-toi ! cheval mourantÉmu par tant d’amitié, le cheval essaya mais en vain. Alors le coq emplit son bec d’avoine et reversa la becquée devant son ami pour qu’il reprenne des forces, et il recommença tant et tant de fois que son dévouement décida le cheval à grignoter quelques bouchées. Le deuxième jour, le coq n’arrêta pas d’apporter des graines et de s’égosiller pour encourager son compère à les avaler. article_coqAu matin du 3e jour, juste avant que le fermier n’arrive, le coq tout en piaillant se mit à donner des coups de bec violents sur la croupe du cheval qui de peine et de misère arriva à se redresser.  cheval deboutQuand le fermier ouvrit la porte de l’écurie et qu’il vit son cheval debout, il se mit à danser de joie en criant à sa femme : LE CHEVAL EST GUÉRI, LE CHEVAL EST GUÉRI ! Je n’ai plus besoin de le tuer !

Et le coq chanta de sa plus belle voix son bonheur d’avoir sauvé la vie à son ami…Le_coq_chante

Alors le fermier ajouta :

Pour fêter ça, JE VAIS TORDRE LE COU à ce maudit coq qui me casse les oreilles depuis 3  jours. On en fera un bon coq au vin.

coq-vin-rouge-410

Pour tant de gens, il n’y a que l’apparence qui compte. On juge et condamne sur des à priori sans chercher à comprendre les vrais motifs. 

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Mirza : le ras-le-bol du con berger

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Il était une fois un berger qui aimait une jeune brebis d’amour tendre. Comme pour Mr Seguin sa chèvre, il l’avait baptisée Blanquette. Peut-être au fond parce que c’est comme ça que finirait un jour la petite chérie quand elle viendrait à perdre inexorablement ses charmes en vieillissant. 

Le berger avec sa chérie dans les bras

Le berger avec sa chérie dans les bras

Cette situation rendait jaloux le reste du troupeau et surtout le bélier, ça va de soi. Mais aussi Mirza, la chienne à tout faire du berger. En elle, grondait la contestation syndicale. Pendant que MONSIEUR cajolait et minouchait sa Blanquette, c’est elle qui se tapait tout le travail sans même qu’Il reconnaisse ses mérites, sans même qu’il paie ses heures supplémentaires d’une caresse ou de quelques miettes de plus.

Mirza

Mirza

Contrairement aux préjugés, les moutons préfèrent le canin à l’humain. Il sont au même niveau, se comprennent et bien plus souvent qu’on le pense transforment le travail en jeu. Tandis que l’homme les tond, hypertrophie les mamelles en trayant leur lait, vend leurs petits et finit toujours par leur passer le couteau sous la gorge. Aussi, une nuit sans lune où le berger inconscient dormait avec Blanquette (uniquement pour se préserver du froid), il y eut conciliabule entre chienne et brebis d’où fut planifié la perte de Blanquette.

Blanquette

Blanquette

Au retour du pacage le lendemain à la brunante, le berger cheminait en tête en jouant de son pipeau comme il se doit. Les moutons bêlaient à qui mieux mieux comme d’habitude en faisant pleuvoir leurs sabots sur le chemin, pendant que Mirza en queue jappait ses ordres aux vieilles brebis comme de coutume : mères gardez-vous à droite, mères gardez-vous à gauche. Tout paraissait on ne peut plus normal… sauf que rendu à l’enclos quand le berger appela comme d’habitude Blanquette pour qu’elle lui serve de bouillotte, elle ne répondit point à l’appel. Il interrogea Mirza qui, la langue pendante et moult battements de queue fit semblant de fouiller le troupeau avec lui pendant que ce dernier se répandait en protestations assourdissantes. Mais de Blanquette, point. berger-de-moutonsDésespéré, Mirza sur ses talons, il refit en sens inverse dans la nuit le chemin vers le pâturage en hélant d’une voix déchirante le nom de la brebis que le berger aimait. Cependant, sans qu’il s’en rendit compte, Mirza le quitta bientôt pour retourner surveiller ses ouailles imprudemment laissées à l’abandon par ce con de berger qui se croyait bon d’aller chercher UNE seule brebis égarée en délaissant les autres.

Pauvre pauvre Blanquette

Pauvre pauvre Blanquette

Le berger était arrivé à mi chemin quand il lui sembla dans l’ombre entendre un faible bruit. C’était une blanquette en déroute qui se traînait sanglante sur le bord de la route et qui criait « à boire, à boire par pitié »… Enfin, c’est comme ça que le berger l’entendit. Blanquette !!! S’écria-t-il en se jetant éperdument sur son blanc manteau maculé de sang. Heureusement, elle n’avait rien de cassé. Mais pour épargner à la pauvrette toute fatigue, il la mit tendrement en étole autour de son cou. 04 MOSAIQUE LE BON BERGER AQUILEIAAu retour elle lui raconta comment la tragédie s’était passée. En cas de danger, tous les êtres sans défense de la même tribu, qu’ils soient poissons, oiseaux ou herbivores, s’agglutinent en tourbillonnant pour se défendre des prédateurs. Il y a une organisation très stricte dans ce qui semble à l’ennemi un chaos. Ceux à l’intérieur dégagent vers l’extérieur en un mouvement centripète pendant qu’inversement ceux de la périphérie centrifugent vers le milieu. Les bêlements sont là pour s’organiser.

Normalement, le chemin du retour étant sécuritaire, c’est la structure hiérarchique routinière qui est de rigueur dans le troupeau : la douairière en tête, les brebis adultes flanquant les ados et les agneaux au centre, le bélier en arrière garde avec Mirza sur ses traces. Or ce soir là, un ordre de formation d’urgence fut murmuré de la tête à la queue et le centre commença à tourbillonner.

Seulement quand vint le tour de Blanquette d’être en bordure, Mirza fonça soudain pour l’écarter du troupeau et elle tomba dans le ravin. Heureusement, un bosquet providentiel d’épineux l’accueillit dans ses bras dardés ce qui lui provoqua ces affreuses écorchures. Le temps de se dégager de ces tentacules crochues, le troupeau était bien loin et la nuit tombée. Elle se mit à larmoyer en morvant copieusement sur les épaules du Berger. Tout le long du chemin de retour, celui-ci la rassura tout en grommelant qu’il allait faire payer très cher à Mirza son incompréhensible attitude.

Bergerie déserte - photo Sandrine

Bergerie déserte – photo Sandrine

Mais quand ils arrivèrent à la bergerie, point de troupeau ni de Mirza. Ils avaient disparu corps et âme…

prochainement la suite

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aujourd’hui : l’arroseur arrosé.

 

 


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Avez-vous vu Mirza ?

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(suite de Mirza : ras-le-bol du con berger)

Mirzaa !!! Mirzaaa !!!! Mirzaaaa !!!!! S’époumonait le con berger par monts et par vaux. Bêê !!! Bêêê !!!! Bêêêê !!!!! Gémissait sur ses épaules une Blanquette affamée et ankylosée. Mais seul répliquait l’écho. Parfois répondait un autre berger rencontré, mais chaque fois la réponse était la même : Non, je n’ai pas vu Mirza. C’est ainsi que de sommets en cols répété, le message parvint aux oreilles du fermier propriétaire du troupeau en alpage.

Frédéric Back : l'homme qui plantait des arbres

Frédéric Back : l’homme qui plantait des arbres

Il partit à la recherche de son employé en hurlant son nom et d’écho en écho, ils finirent par se rejoindre. Le con berger eut beau se justifier en arguant qu’il n’avait fait que suivre les préceptes de l’évangile en allant récupérer la brebis égarée, cet impie de fermier ne voulut rien entendre. Bien qu’il n’ai jamais fait d’étude, le con pasteur se retrouva licencié. Le fermier en furie sépara le berger de Blanquette qu’il entraîna malgré ses protestations véhémentes. L’ex pâtre mis à pied s’obstina dans sa recherche du troupeau disparu. Et c’est ainsi qu’il parcourut la chaîne de montagnes qui séparait deux pays, l’un extrêmement dur au sud et l’autre relativement riche au nord.pyrénéesIl devint contrebandier et comme ce métier a la côte auprès des femmes, il eut tôt fait de remplacer dans son coeur la tendre blanquette… qui finit, elle, en juteux méchoui. MechouiBien que le métier de passeur nourrisse son homme il présente parfois de réels dangers. Dans les montagnes frontalières, les gens honnêtes croient qu’un contrebandier ne passe QUE des camelotes ou de la came. contrebandierMais douaniers et policiers savent que le plus lucratif est le passage d’êtres humains en temps de guerre comme en temps de paix… comme en ce moment. Et c’est bien ce que faisait notre berger reconverti. Il montait au nord les affamés et descendait au sud ceux qui n’avaient pas envie de se faire descendre ou de descendre en cul de basse fausse pour leurs malversations. passage-de-rc3a9fugic3a9sMalgré l’alcool et les femmes, notre homme prospéra bien plus que s’il était resté à compter des moutons. Comme c’était malgré tout un coeur pur à sa façon, ainsi en vint-il à vouer une certaine reconnaissance à Mirza à qui il devait ce revers qui faisait sa fortune. Ce qui prouve qu’en tout homme sommeil un fond d’honnêteté. Et puis, comme de raison, il l’oublia… Ce qui prouve qu’il était bien un humain. Mais où était donc passée Mirza ? Et le troupeau ? 

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Vive le mouton… LIBRE !!!

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(suite de : avez-vous vu Mirza ?)

Mais où avaient bien pu passer Mirza et le troupeau ? Revenons à ce crépuscule où leur dieu s’égara à la recherche de la brebis qu’il aimait entre toutes. vigilance-bergere-berger-metier-agricole-batonAprès avoir satisfait son appétit avec les restes de saucisson, fromage et pain dans la musette que le Maître avait imprudemment laissée choir dans son affolement, Mirza s’installa devant la porte clause de la bergerie pour réfléchir. Bored-Border-CollieÀ l’intérieur enténébré par une nuit sans lune s’ouvrit un conciliabule. Le silence des agneaux alerta immédiatement l’instinct policier de Mirza qui dressa l’oreille. Était-ce une émeute ou le début d’une révolution ? Compter-sur-les-moutonsComme il se doit dans une assemblée parlementaire, la jeunesse téméraire et aventureuse par principe se réunit à gauche en criant que c’était le moment idéal pour s’évader. Vive le Mouton LIBRE !!! clamèrent ces écervelés debout en équilibre sur leurs antérieurs et les pattes de devant en V.  Au centre, indécis, se confinait dans un silence prudent le bélier entouré par les agneaux qui n’avaient de toute manière ni le droit de parole ni le droit de vote. À droite, pétrifiées par l’ombre glaciale du pire, les brebis adultes conservatrices chevrotaient un misérable :  On ne sera jamais capaaaables ! Le mouton a été créé pour suiiiivre et pour être tondu, pas pour être autonomeC’est la volonté du tout puissant Maître que les moutons aient un berger pour les mener. mouton_tricotLe bélier fort judicieusement fit remarquer à la folle jeunesse que de toute manière l’enclos étant clos, ça closait de fait ce débat inutile. C’est alors que le plus grand des miracles se produisit. Soudain la chevillette fut tirée et la bobinette chut avec fracas… Regardez bien ci-dessous la bobine que firent les moutons médusés. moutons-paniquc3a9sLentement en grinçant des gonds, la lourde porte de chêne ouvrit à l’évasionTant il est vrai qu’épouvante la liberté, le troupeau terrorisé recula en se tassant et en se bousculant pour se tasser dos au mur du fond… tant et si bien qu’il céda sous leur masse. Après s’être ridiculement effondré les quatre fers en l’air, le bétail bêlant se releva en considérant autour de lui avec terreur la liberté toute vide de protection et trop pleine d’incertitude qui les aspirait vertigineusement en spirale vers l’abîme de la panique. Aussitôt ils se mirent à tourbillonner selon le plan d’urgence décrit antérieurement. Mirza, langue pendante attendit que fatigue et vertige calment leur affolement. Effectivement le cyclone s’essouffla et fut éjecté de son oeil le bélier qui aussitôt fit front commun. belier-fonc3a7antRien ne se passant, tout le monde releva la tête pour voir en face le danger. Seule devant eux Mirza les observait, goguenarde, langue pendante et salivante. Lorsque même les agneaux firent silence, elle se leva. Tous les yeux étaient fixés sur elle, même ceux des tout-petits qui regardaient entre les pattes. Dans ce mouvement inquiétant qu’ils connaissaient si bien, échine au raz du sol, queue et langue tendues, crocs à découvert, Mirza se mit en serpentant à tourner de plus en plus vite autour du troupeau pour l’obliger à virer avec elle jusqu’à ce qu’ils en aient le tournis.

Mirza au travail

Mirza au travail

Soudain elle s’arrêta et pendant que les moutons reprenaient tant bien que mal leur équilibre, Mirza leur teint alors à peu près ce discours…

Suite au prochain billet…

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aujourd’hui : pro vie.

 


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Mirza : la longue marche et rencontre du 3e type

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(suite de Mirza : vive le mouton… libre !)

Or donc, Mirza grimpée sur le rocher du conseil leur tint ce discours, ponctué comme il se doit par l’approbation répétitive d’une foule conditionnée.

Mirza : Moutons ! Je vous ai compris !!! (bèèèè)  Vous ne voulez plus qu’on vende vos agneaux.(bèèèè) Vous ne voulez plus être tondus jusqu’à l’os. (bèèèè) Vous êtes tannés d’y laisser votre peau. (bèèèè) Vous ne voulez plus être mangés même en méchoui. (bèèèè) Vous voulez vivre et prospérer en paix. (bèèèè) Et bien, Moutons, suivez-moi ! (bèèèè)

Border-Collie-breedMirza descendit de son rocher et prit la direction à contrevent (pour mieux flairer la venue de l’adversité) qui, ce jour là, venait d’ouest. Le troupeau bien discipliné commençait à la suivre en se formant quand s’arrêta pile l’ancêtre des brebis qui avait pris la tête comme d’habitude. Chacun rentra dans l’autre. Le bruit du carambolage fit se retourner Mirza. Quand l’ancêtre finit par se dégager, elle fit front à Mirza et lui dit.

L'ancêtre

L’ancêtre

L’ancêtre : pas question que l’on te suive aveuglément. Nous sommes peut-être des moutons mais pas des imbéciles. Tu as toujours appuyé le pouvoir contre nous, alors pourquoi te croirait-on maintenant ? Par quel accès soudain d’altruisme voudrais-tu nous sauver ? Hein ? Hein ? Bèèèè  approuva le reste du troupeau

Mirza : Moutons, l’heure est grave ! Surtout s’il ne retrouve pas sa chérie, quand le Maître va revenir, il va être dans une rage folle, pire que quand il se saoule. Mirza, votre servante, évidemment va y goûter mais surtout vous autres (bèèèè terrifié). Il va t’étriper, toi l’ancêtre pour faire un exemple (bèèèè clama l’ancêtre) et faire passer le blâme sur un ours ou un loup comme il l’a fait déjà à plusieurs reprises, pour camoufler la vente au noir de vos agneaux (bèèèè tremblèrent en choeur ceux-ci)

L’Ancêtre  : Tout le monde en conseil et que ça saute, moutons ! (bèèèè)

Mirza : C’est pas le temps de discuter, c’est le temps d’agir.

L’Ancêtre : Je suis l’ancêtre et responsable de ce troupeau, alors je dois réfléchir avant d’agir. Ce que tu dis a du bon sens, mais reste suspect. les humains ne mangent pas les chiens et une volée de plus ou de moins… tu en as reçues bien d’autres sans trembler pour autant. Alors pourquoi ce besoin soudain de quitter ton gagne-pain, ton toit, ton confort, ton petit ami Médor du troupeau voisin, pour risquer une telle aventure ? (bèèèè)

Mirza : parce que justement Médor m’a engrossée au printemps et que si j’accouche, le Maître va balancer mes petits dans la rivière comme il l’a fait la dernière fois. J’ai de la mémoire, moi ! Alors, je vais chercher un endroit tranquille où je puisse mettre bas, élever mes petits et moi même dans la liberté et non dans l’esclavage. Vive Mirza LIBRE !!!

L’Ancêtre : là tu parles et je te comprends (bèèèè). Mais je ne vois toujours pas pourquoi tu aurais la bonté et les ennuis de vouloir nous sauver à tes risques et périls ? (bèèèè)

Mirza : bien sûr, il me serait facile de me sauver et de vous laisser bêler de souffrance. Mais que serait un chien de berger sans troupeau ? Un pasteur sans ouailles. Un bélier sans brebis. (béééé) Une brebis sans agneau (béééé). Alors, je vous donne la chance de fuguer sous ma protection. (béééé) Bon, assez perdu de temps à parler. Je vous ai laissé une chance. Si vous ne la prenez pas, salut la compagnie.

Salut la compagnie

salut la compagnie

Pendant que Mirza s’éloignait en trottinant langue pendante, le cercle du conseil se réunit rapidement autour de l’ancêtre. Et puis le troupeau se mit en branle, l’ancêtre en tête, les adultes en boucliers de chaque côté, les agneaux au centre et le bélier en arrière garde. Très vite ils rattrapèrent l’astucieuse Mirza qui avait ralenti l’allure pour se laisser rejoindre. Car, comme elle l’avait dit, à quoi bon vivre sans une raison d’être ?Vaste_montagnesEt c’est ainsi que pendant deux lunaisons, Mirza et le troupeau errèrent par monts et par vaux à la recherche de la terre non promise mais tant souhaitée. En évitant toujours les chemins pour ne pas rencontrer d’humains, ils s’arrêtèrent dans bien des vallées pour se reposer un brin, le temps de le brouter et pour Mirza de dévorer quelques mulots ou un lapin en explorant les environs. Mais chaque fois il y avait un quelque chose qui clochait : proximité des humains ou manque de ruisseau ou de forêt ou de bonne prairie ou de garenne pour Mirza ou odeur de loups et surtout absence de caverne pour s’abriter l’hiver. Ils traversèrent ainsi plusieurs fois dans les 2 sens la frontière et des no man’s lands sans le savoir. DSCF5740De vertes, les feuilles passèrent aux couleurs flamboyantes de l’automne avant de se dépouiller d’une année. Mirza s’alourdissait de plus en plus et devait s’arrêter plus souvent, la langue anxieuse. Des agneaux étaient nés car même en chemin, le bélier continuait à justifier sa raison d’être. Tout ceci ralentissait le troupeau. Et puis un beau jour, la neige commença à fleurir sporadiquement monts et vallées. neige_villard_lans_17_nov_14Il fallait trouver quelque chose vite et à tout prix. Et c’est dans l’urgence qu’ils arrivèrent dans une combe perdue quelque part dans un non lieu. Il avait fallu franchir bien des cols et des montagnes enneigées pour y aboutir. Moutons et chienne étaient rendus au bout de leur souffle. Fini les temps où l’on pouvait faire la fine truffe en objectant des oui maiaiais… Les petits de Mirza poussaient vers la sortie sans intention de retour et l’urgence proclama c’est ICI, point final.montagne neige À bien y regarder,  ce n’était pas si tant pire pour un refuge en désespoir de cause. La combe était bien protégée par les montagnes et hors de portée des véhicules humains. Ça humait fort le lapin, l’herbe était encore verte malgré la saison, il y avait un ruisseau, et même un trou à flanc de montagne. grotte5Une potentielle tanière ? Auraient-ils trouvé enfin leur Éden à la dernière minute ? Mirza laissa le troupeau dans la vallée et partit explorer la possible grotte. Bien qu’elle soit à contrevent, plus elle s’en rapprochait plus une odeur fauve inconnue énervait ses narines. Louvoyante, rampante, méfiante, ondulante, elle entra du bout des pattes tendues. Mirza rempanteLa sombre clarté de l’antre se transforma en noirceur au fur et à mesure qu’elle pénétrait plus avant dans ce qui commençait à devenir une véritable caverne. Mirza se coucha. Oreilles dressées, truffe en alerte, elle explora les lieux à longues goulées. Le fauve remugle venait du fond vers la droite. Une présence ni hostile ni amicale, plutôt paisible, presque endormie. Mirza se redressa en alerte, prête à bondir et jappa un bonjour. Un énorme grognement amplifié par l’écho lui répondit. Elle jaillit à l’extérieur et se retrouva devant les moutons avant d’avoir eu le temps de réfléchir. mirza méfianteCourageusement elle se retourna pour faire face pendant que le troupeau affolé démarrait à folle vitesse sa rotation d’urgence en éjectant le bélier qui atterrit front baissé à côté de la chienne. Cul en l’air, antérieurs pliés et babine retroussée, Mirza regarda se déployer la colossale forme floue qui se relevait lentement à l’entrée de la caverne. 

(suite au lundi 16)

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aujourd’hui : Swissleaks.


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Mirza : où T-Bear devint le sauveur et le gardien du troupeau

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our-en-colc3a8re« RAUS, RAUS ODER DU BIST TOT !!! (Dehors, dehors ou vous êtes morts)«  hurla le monstre que les humains avaient importé de Germanie sans son consentement voila quelques décennies. Il déboula vers Mirza et le troupeau en encensant de la tête, la bave aux babines retroussées sur des canines énormes. attaque-de-loursLe troupeau pris de panique se rua n’importe où sans même prendre la formation d’urgence, se culbutant, roulant et sautant mouton les uns par dessus les autres. Mirza en aurait fait autant mais les petits se bousculaient dans son ventre malgré ses recommandations de se tenir sage, car ce n’était surtout pas le moments de sortir. Mirza rempanteElle s’avança en rampant et en gémissant en signe de soumission. Déconcerté, le gros poilu ralentit sa charge jusqu’à trotter, humant l’air en grognant. Dès qu’ils ne furent près l’un de l’autre que de quelques mètres, Mirza se coucha sur le dos, offrant la totale subordination  de son ventre gonflé mis à merci. Le grand ours brun s’avança sur ses gardes jusqu’à la renifler. Servile, Mirza en gémissant lui lécha la face.

le_chien_fugueur3L’ours : Hargnch ! Humf ! Pourquoi me déranges-tu dans mon endormissement ? Que venez-vous donc f… dans mon domaine ?

Grogna le gros nounours en langage animal universel. Mirza comprit que le danger s’amenuisait et que le costaud n’était pas méchant, juste malcommode à son réveil. Elle se coucha sur le côté pour lui parler plus facilement.

Mirza : mon nom est Mirza, je suis grosse et rendue à mon terme. Je n’ai plus le temps de chercher une autre caverne. Je vous en prie Monsieur l’ours. Je suis votre humble servante à votre service et…

L’ours : Où est ton maître ? Je ne veux pas d’humain maudits sur mon territoire. (se remettant en colère) Où il est ? Je vais le tuer. Je vais tous vous tuer. Hargnch ! Hargnch ! ROARRRR !

Et il se redressa de toute sa taille au dessus de Mirza, la gueule ouverte et l’oeil féroce.

sticker-mural-ours-brun-attaqueMirza (de nouveau se roulant sur le dos en glapissant) : Kaï ! Kaï ! Je n’ai plus de maître, nous n’avons plus de maître, je vous le jure ! Kaï Kaï. Nous sommes un troupeau LIBRE ! Il n’y a pas d’humain avec nous.

L’ours : Humf ! Impossible. Tu es une chienne de berger et là bas il y a un troupeau de bêlant. Pas de troupeau sans humain. On ne me la fait pas à moi. Tu me mens et J’ai horreur qu’on me mente. RoaRRR !!!

Mirza (couinant de peur) : kaï ! Kaï ! Kaï ! Vénérable ours, vous qui avez le flair le plus puissant du monde, sentez-vous la présence d’un humain autour de vous ?

Le mastard s’éloigna de quelques pas et lentement tourna 3 fois sur lui-même en humant aux 4 vents.

L’ours (branlant de la tête, déconcerté) : Non, c’est vrai. Je ne sens pas la puanteur maléfique humaine. Mais ils ont plus d’un tour dans leur sac. Où se cache-t-il ? Dis le moi tout de suite ou je te tue toi et tes petits. Hargnch ! Rrrrrr !

grizzly furieuxAlors Mirza lui raconta tout, Blanquette, leur fuite, leurs recherches, leur arrivée ici et l’urgence pour elle de mettre bas. L’ours s’assit puis se coucha museau à museau pour la flairer pendant qu’elle parlait car le menteur émet une odeur qui le trahit toujours. Et ainsi il sut qu’elle disait vrai. Il médita pendant qu’elle finissait son récit.

ours-mc3a9fiantL’ours (se relevant) J’aimerai bien t’aider, mais je ne peux pas. Il te faudra au moins 1 mois avant que tes petits puissent te suivre et moi je serai en pleine hibernation. Et pendant mon hibernation, je ne peux tolérer personne autour de moi dans ma vallée. C’est trop dangereux. Ces lâches d’humains ont profité de mon sommeil pour me kidnapper et m’exiler ici. Humf ! J’aimerai bien, mais je ne peux pas. Allez, partez ailleurs tant qu’il en est encore temps. Comme tu es brave, je ne vous ferai pas de mal.

Mirza : Attendez, attendez ! Si les humains viennent pendant votre sommeil qui vous avertira ?

L’ours (oreilles dressées) : Humf ?

Mirza : Nous détestons autant que vous les humains, ils ont noyé ma portée précédente et ils massacrent les agneaux. Nous pourrons les sentir venir pendant que vous dormez et on vous réveillera à temps pour nous enfuir ou les massacrer. Vous vous rendez compte ? Pour la première fois depuis que vous avez quitté votre mère, votre sommeil pourra vous dormir en toute quiétude.

Le gros poilu réfléchit en hochant la tête, les yeux s’alourdissant. Il pencha son énorme tête au dessus de Mirza qui se mit aussitôt sur le dos, les quatre pattes en l’air. Il la huma sous toutes ses faces et surtout sa carte de visite génétique sous la queue.

ours brun 20110808L’ours : Je sens que tu es une bonne fille honnête. OK. Voici mes conditions. Pour aucune autre raison que l’urgence, personne ne devra me déranger dans ma chambre. Vous vous tiendrez à l’entrée car je ne veux pas de crottin dans MA caverne. Car ça restera MA caverne. Compris ?

Mirza : Compris !

L’ours : as-tu besoin de l’acceptation du troupeau ?

Mirza : Je suis d’office plénipotentiaire car ils n’ont pas d’autre choix.

L’ours (levant la patte) Pacte conclu Madame la plénipotentiaire ?

Mirza (se levant et lui donnant à son tour la patte) Pacte conclu Monsieur l’ours. 

ours de dosPendant que Mirza partait regrouper le troupeau pour tout leur expliquer, le colosse s’éloigna vers la grotte. Tout d’un coup il s’arrêta et se retourna en lançant un puissant humf ! Aussitôt Mirza tremblante se figea et lui fit face, nez à terre.

L’ours : Dans mon lieu de naissance, les humains nous nomment Tragen. C’est pourquoi ceux qui m’ont enlevé ont marqué au pinceau ma prison de transport avec un gros T . Dans le pays de transit ils ont ajouté un tiret puis BEARC’est pour ça que les humains de mon exil m’ont appelé T-BEAR  avant de me libérer dans ces montagnes. Alors, toi et les moutons, appelaient-moi T-Bear.

Mirza : Mes respects, monsieur T-Bear.

Chacun repartit de son côté, mais après quelques pas, T-Bear lança en se retournant un nouvel Umf ! qui arrêta à nouveau Mirza.

famille d'oursT-Bear : Les humains m’avaient donné 2 femelles pour que nous croissions et que nous multiplions. L’une s’appelait Poartä, ours en roumain et l’autre Mistiè, ours en russe. Les ours ne sont pas racistes. On a fait des petits. Mais les humains sont incohérents en plus d’être cruels et méchants. Ils les ont tous tués, les petits et leurs mères pendant leur sommeil. Je suis le dernier et ils me cherchent. Tu comprends maintenant pourquoi je ne peux pas sentir les humains.

Mirza (horrifiée) : Et pourquoi les ont-ils tués alors que c’est eux qui vous ont déracinés pour vous lâcher dans la montagne ?

T-Bear : Parce que, soit-disant, on mangeait leurs moutons.

Mirza (consternée) : et c’est vrai ?

SANYO DIGITAL CAMERAT-Bear : c’est très exagéré. Nous, les ours sommes par principe végétariens… sauf avant d’hiberner où il nous faut du poisson et à la sortie de l’hibernation où il nous faut à tout prix de la bonne viande rouge pour nous refaire. Alors, s’il y a un mouton ou un veau qui passe, il y passe… mais pas de chien tu peux te rassurer… ni d’humains. Vous goûtez trop mauvais.

Mirza : merci pour ce détail gastronomique rassurant. Mais je n’ai pas le droit de mettre en danger le troupeau dont j’ai la garde et qui me fait confiance.

T-Bear : Ne t’en fais pas. Juste un mouton faiblard ou trop vieux prêt à crever par an me suffit. C’est pas cher de loyer par rapport au carnage que leur faisaient subir les humains.

Mirza (suspicieuse) : Alors pourquoi les humains ont décimé ta famille si vous ne mangiez qu’un seul mouton par personne ?

KONICA MINOLTA DIGITAL CAMERAT-Bear :  Ce sont les bergers eux-même qui écorchaient leurs vieux moutons pour nous en rendre responsables et justifier la tuerie des nôtres.

Mirza : Oui, je sais, ils font la même choses pour les loups, mais c’est pour toucher de l’argent de leurs gouvernement pour chaque carcasse. Je les ai entendus parler entre eux. Les humains ne peuvent pas croire dans leur orgueil incommensurable que nous, les chiens, nous puissions comprendre leur langage. Et alors ? Comment sinon obéirait-on à leurs ordres ?

T-Bear : Faut pas chercher à comprendre avec les humains, leurs décisions sont impénétrables. La preuve, c’est qu’ils se tuent les uns les autres sans raison et ils martyrisent leurs femelles. Sur ce je m’en vais me coucher. Bonne nuit d’hiver et au printemps prochain.

ours grizzly 01Et cette fois il trotta sans s’arrêter pour se pelotonner au plus profond de la caverne. Quelques heures plus tard, T-Bear ronflant et le troupeau bien à l’abri, Mirza donna naissance à 9 chiots mâles et femelles. Plusieurs années passèrent dans la combe où chiens et moutons crurent et multiplièrent dans la paix et la bonne humeur. Il arrivait même que le gros T-Bear joua avec les chiots dont le jeu préféré restait cependant incontestablement le saute-mouton. Grâce à l’appétit carnivore de la meute la garenne se stabilisa et tout le monde vécut heureux et libre dans ce paradis terrestre jusqu’au jour où…

Suite la prochaine fois.

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aujourd’hui : Fa frette en tabarouette !!!


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Mirza : retour du con-berger, ses 100 minutes

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C’était par un après-midi où une chaleur un peu moite comme fièvre d’automne faisait rougir les feuilles. T-Bear visitait une ruche sauvage dans une vallée voisine. l-ours-a-arrache-une-ruche-d-abeille-pour-recuperer-le-mielLes moutons paissaient benoîtement, éparpillés sur l’herbe verte. Les chiots devenus adultes jouaient auprès du troupeau et Mirza vieillissante somnolait à l’ombre de l’entrée de la caverne. La paix régnait dans cette vallée de la tranquillité. moutonsTout d’un coup les sens de Mirza furent alertés par un remugle que venait de lui apporter un petit changement de vent. Un humain arrivait par le couchant. Il courait. Son adora l’avertit que l’intrus  suait de peur. Un bref appel alerta en même temps ses enfants et le troupeau qui alla se cacher derrière un bosquet, en formation d’expectative (comme en alerte mais immobile et en silence). La meute de jeunes chiens vint prendre les directives de la mère. mirza méfianteElle en expédia 2 en éclaireur, 1 en messager vers T-Bear et les autres en embuscade dans les rochers le long du col par où arrivait l’odeur. À travers l’effluve qui lui parvenait, une vague réminiscence lui titilla la mémoire. Cet humain de sexe mâle ne lui était pas inconnu. Et soudain jaillit en elle le souvenir. C’était la senteur du Maître.

Le berger avec sa chérie dans les bras

Le berger avec sa chérie dans les bras

Elle gronda en relevant ses babines et en se ramassant ventre à terre comme pour bondir. Ses enfants à l’affut répondirent par un bref jappement pour lui faire comprendre que le 2 pattes allait passer un sale quart d’heure. Mais plus Mirza humait et plus elle était persuadée que le prédateur était devenu une proie habitée par une monumentale trouille, de celle qui laisse des traces dans les culottes. Pour le moment le danger ne venait pas de lui mais de ses poursuivants. Un jappement prévint les autres de le laisser pénétrer sans pour autant se montrer. Les 2 éclaireurs revinrent la prévenir qu’effectivement l’humain approchait en courant, mais qu’ils avaient senti et vu d’autres formes humaines assez loin derrière. Elle les renvoya en observation. Que fallait-il faire ? Et à ce moment-là déboucha le con-berger qui était devenu con-trebandier. Oh qu’il n’était pas fier ! Exténué et en piteux état, il aurait fait presque pitié s’il n’avait été le pire ennemi de tout au monde, un humain. Mirza devant lui se redressa en grondant. homme-attaque-paniqueL’ancien berger sursauta et lâcha un long pet et un cri d’angoisse à la vue de cette bête menaçante qui ressemblait pour lui à celle du Gévaudan. Mais la bête eut soudain pitié de sa terreur, comme seuls les animaux peuvent parfois connaître la compassion. Elle comprit d’un coup que les prédateurs étaient trop proches de leur proie pour que la meute puisse faire disparaître le poursuivi. Quoi faire ? Valait-il mieux tous se cacher et laisser les humains se débrouiller entre eux. Mais alors, c’en serait peut-être fini de leur paix, surtout si les poursuivants avaient des bâtons à feu.

Salut la compagnie

salut la compagnie

Elle se releva en remuant la queue pour marquer la fin des hostilités tout en jappant pour que les autres gardent leur formation. Et c’est alors que l’ex berger la reconnut. Mirza ! S’écria-t-il incrédule. Ses yeux balayèrent la combe à la recherche du troupeau et il le vit pelotonné derrière un bosquet. Alors une idée jaillit dans sa tête car l’urgence peut rendre génial même les plus cons. S’il redevenait berger gardant ses moutons il deviendrait aussi vierge de tout soupçon que la pucelle Jeanne d’arc en personne. jeanne_bergereCes méchants douaniers, stupides par principe, n’y verraient peut-être que du feu. Il siffla Mirza et courut vers le troupeau qui se mit à tourner en bêlant de terreur. Mais quelques jappements de Mirza rassurèrent les moutons qui s’égaillèrent et se remirent à paître comme s’ils n’avaient fait que ça toute leur vie. L’homme se laissa tomber assis dos à un arbre et eut juste le temps de tirer de sa besace un saucisson et un litre de rouge. yves-vincent-berger1La bande de gabelous déboula en courant. Mirza se précipita vers eux en aboyant à gueule que veux-tu en même temps pour jouer la comédie et aussi pour prévenir la meute de se tapir tout en restant vigilante car les bipèdes avaient effectivement des bâtons à feu qui tuent à distance. Les douaniers crièrent au paisible berger de rappeler son chien. Ce qu’il s’empressa de faire tout en restant assis car une large humidité maintenant imbibait son arrière train et la station debout l’aurait trahi. Heureusement, les douaniers pressés ne s’approchèrent pas trop et demandèrent au pacifique pasteur s’il n’avait pas vu un homme courir. Par là ! Indiqua le pâtre en montrant vaguement le sud-est où effectivement on pouvait deviner un passage. Ce que confirma Mirza en un jappement des plus persuasifs, la truffe indiquant la fallacieuse direction. Sans remercier, les gardes-frontière se ruèrent dans la fausse piste. douaniersMême quand ils eurent disparu, le berger pris un certain temps à calmer son angoisse. Et puis il se releva pour aller se laver dans le ruisseau pendant que Mirza finissait avec délice et un brin de nostalgie le saucisson et le pain dans la musette. Par contre de biens mauvais souvenirs douchèrent de tout regret sa mémoire quand elle huma ce liquide couleur de sang frais dont les humains se délectent et qui les rend fous. D’un coup de museau elle fit débouler la bouteille qui finit de glouglouter en se brisant sur une roche. saint esthèphe bouteil casséePendant que l’homme se lavait de ses propres souillures, il se mit à inspecter la combe avec son pacage, le ruisseau, la grotte et le troupeau qui avait crû dans des proportions incroyables. Et tout d’un coup, comme Perrette il se vit riche ! perrette-et-le-pot-au-lait-livre-872743643_mlÀ son attitude et à son odeur, Mirza comprit à peu près ce qui se passait dans la tête de son ancien maître. Mais le temps de la servitude était à jamais fini, surtout après avoir reniflé la pestilence du vin. Et elle le fit savoir par un grognement féroce en montrant ses crocs quand il s’approcha du troupeau. Comme quoi l’ingratitude humaine n’a d’égale que sa cupidité, le con-berger ramassa des pierres pour lapider celle qui venait de le sauver. Un bref coup de gueule de la mère fit rappliquer ses enfants. L’imbécile rendu fou par son avidité  arrosa de projectiles la meute. Il en blessa au moins 3 dont Mirza quand tout d’un coup un horrifiant rugissement envahit la vallée et un gigantesque ours brun dévala au galop. attaque-de-loursAu fur et à mesure que T-Bear descendait une pente, l’homme grimpait l’autre les fesses à l’air. Mais la Vitesse qu’un ours acquiert est égale à sa masse multipliée par le carré de la croissance de sa colère (V=mc2). Il eut tôt fait de rattraper l’être haï et il l’aurait déchiqueté sans l’intervention de Mirza. T-Bear resta cependant à 4 pattes et gueule ouverte au dessus du malotru quelques secondes qui parurent des heures à ce dernier. Et puis, tout en rugissant, T-Bear se releva de toute sa masse, bipède géant face au bipède nain nu couché devant lui. 3911685yiknrL’homme vit son salut dans l’ouverture que ce stupide animal venait de lui laisser. Il se releva lentement en pissant et pleurant de terreur, recula et s’envola presque, tellement la peur donne des ailes. On ne le revit plus jamais, ni les hommes de loi non plus. Meute et troupeaux vivent heureux dans la combe du bonheur sous l’œil paisible de T-Bear et de la vieille Mirza.

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aujourd’hui : austérité oblige …

 


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Au bonheur de vivre.

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Voici une belle conclusion que vous propose T-Bear (à 2 mains) à la saga de Mirza.

Mirza

Mirza

En contrepartie de la détestation des humains (et pas sans raisons) de Mirza et de T-Bear (à 4 pieds) voici ce que peut-être une relation entre humains et animaux quand elle est assumée dans un respect et un amour réciproque. Que de paix dans cette vidéo de Nina, border coolie comme Mirza, évoluant dans son bonheur de vivre tout simplement avec ses amis humains et animaux.

Ça fait du bien, hein !

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aujourd’hui : La vague de froid en Amérique du Nord


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La légende de Jésus et du Québécois

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Il était une fois…

Jésus, ce messie au regard si doux parcourait le soir d’un homélie
le champ couvert d’infirmes sur qui tombait la nuit. 
Alors qu’il les guérissait tous que c’était miracle de le voir,
il lui sembla soudain entendre un faible bruit de désespoir.
Il y avait assis au fond d’un fossé un homme qui pleurait à fendre l’âme.
Jésus s’approcha de lui  et lui demandât la raison de ses larmes.

- Je suis Jésus, comment puis-je vous aider ?

L’homme releva alors la tête plein d’espoir.

- Mon problème est que je suis Québécois habitant une île francophone au milieu d’un océan anglophone qui veut m’engloutir, moi, ma langue et ma culture. Il faudrait pour survivre que mon île se sépare pour être indépendante de l’océan. J’en rêve depuis des siècles. Une fois, révolté par les coups de boutoir de l’océan qui voulait m’anéantir, j’ai pris les armes, j’ai essayé de combattre, mais un raz de marée m’a submergé et fait baisser le front. Depuis, même si je n’ai pas abandonné tout espoir, malgré moi, malgré moi, je tremble de me faire engloutir. Par 2 fois j’ai supplié l’océan de reconnaître au moins une toute petite souveraineté pour pouvoir respirer un peu, renonçant pour lui complaire à l’ombre même d’une indépendance totale qui au fond m’effrayait un peu. Et par 2 fois la peur m’a fait échouer.la peur du changementJésus, Jésus, je vous en prie, que pouvez-vous faire pour moi ?

Jésus vint s’asseoir à côté de lui et lui répondit.

 – Hélas ! Hélas ! Les miracles ne secourent que ceux qui veulent s’aider. Je ne peux rien faire pour toi, pauvre Québécois, tant que tu n’auras pas foi en toi-même.

Et Jésus prit le Québécois dans ses bras et sanglota avec lui par simple compassion.

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Et la mort partit en vacance…(partie 1)

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La MORT arriva en tornade pour s’effondrer en sanglot devant SP (SUPER PAPA).

QUIZ_le-quiz-morbide_6495LA MORTJe n’en peux plus, je suis raplapla, au bout de mon rouleau, vannée, flapie, vidée, exténuée, éreintée, claquée, lessivée, crevée, à genoux dans la gravelle, toute débinée, raquée… et je peux en rajouter si Tu veux. J’aime les synonymes. Chacun ajoute une nuance de gris à la parole et ceux des Humains sont tellement abondants, surtout à ce sujet…

SPD’abord, tu n’as à t’occuper QUE de ce système solaire alors que tes collèges des autres parties de Mon univers travaillent sur des amas galactiques et pourtant elles ne se plaignent pas, ELLES.

LA MORT – Oui, mais cette naine jaune est pire que des milliers de Tes super amas à cause des humains sur la planète Terre et c’est pour ÇA que Tu as réduit mon espace de travail. Mais là je n’en peux plus et… 

Super Papa avatar 1

Super Papa avatar 1

SPBon, bon, Je n’ai pas que ça à t’écouter chialer. J’étais sur mon départ. Dans 1 seconde d’éternité, j’ai un tournoi de Golf très important avec les SP d’autres univers. Alors, magne-toi. Qu’est-ce que tu veux ? Une augmentation ?

LA MORTPantoute ! DE L’AIDE !!!! Mon travail est rendu impossible à accomplir correctement sur Terre.

Désespoir - peinture de Victor Ruzo

Désespoir – peinture de Victor Ruzo

Les humains me surchargent d’ouvrage en exterminant toutes autres formes de vie qui, elles, ne me causaient aucun souci. De plus, ils se maltraitent en masochistes qu’ils sont avec toute leur pollution. De plus, ils s’intoxiquent et meurent à petit feu avec les produits chimiques qu’ils avalent inconsidérément soit disant pour se soigner. De plus, au nom du droit à la vie, ceux qui la détruisent sans vergogne chez les bien-portants inventent tout ce qu’ils peuvent pour m’empêcher de soulager les malades irrécupérables qui n’en peuvent plus de souffrir. De plus, le boute du boute, Ils recommencent à vouloir s’entre-écorcher en Tes noms, toujours pour l’amour de Toi. femen_1Passe encore pendant la Chamanisation, la paganisation, la judaïsation, la christianisation, l’islamisation, les croisades et les guerres de religion quand ils n’étaient que quelques centaines de millions, j’y arrivais. Mais maintenant, ils sont rendus 7 milliards. Avec les armes de destruction massive que même les plus petits d’entre eux possèdent maintenant, l’Armageddon  de ton bon apôtre ne sera que du pipi de microbe à côté du calvaire qu’ils vont s’infliger sans rédemption.  armageddon-03Et en plus, ils ont le culot de chialer après moi. Moi la compatissante, moi la consolatrice, moi la secourable, moi la bienfaitrice, moi la libératrice, moi la pacificatrice, moi la miséricordieuse, moi l’accoucheuse d’âme, moi qui aide à sortir le papillon de l’esprit de chrysalide du corps. moi qui…

SP – Abrège !

La Mort – Ils me rendent responsable de leurs tourments. Je n’en peu plus. C’est devenu pour moi le bagne, le brasier, le Shéol, la Géhenne, l’Enfer…

Super Papa avatar 2

Super Papa avatar 2

SPL’ENFER ? Tu me donnes une idée. LUCIFER s’est vautré à mes pieds 1/2 de Mes secondes avant toi pour Me demander l’asile politique. Depuis que Ben Laden, Kadhafi et Kim Jung Il ont rejoint Hitler, Staline et Mao en enfer, ils complotent contre Satan pour prendre sa place. Je vais les rapatrier à l’instant même au Paradis pour les joindre à Jacob, Judas, St Cyrille, Innocent III, St Dominique, Torquemada, Calvin et Khomeini avec tous ses jihadistes. Je rassemble ainsi les Anti MOI aux fous de MOI pour en faire mon commando d’anges exterminateurs afin de t’aider à purifier ce monde d’en bas. Ça te va ?

motifs-tatouages-ange-56La MORTAh non alors ! Pantoute ! Mais c’est pire qu’une solution finale ça ! Purifier le monde ? Tu sais très bien par expérience que si Tu en laisses survivre un seul couple comme ton Noé, même le plus insignifiant, le plus gentil, le plus amoureux, le plus pur, le meilleur, sa progéniture recommencera comme après le déluge. Et puis TU n’a rien compris à mon problème.

La jeune fille et la Mort - peinture de Hans Baldung Grien

La jeune fille et la Mort – peinture de Hans Baldung Grien

Moi, ma vocation est de réduire, d’abréger, d’effacer, d’éradiquer la douleur. Je suis celle qui rend respectable, honorable et digne même la pire crapule. Alors que tes psychopathes ne pensent qu’à lapider, lyncher, mutiler, torturer, écharper, charcuter, déchiqueter, brûler, corrompre, dégrader, dépraver, flétrir, souiller, humilier,  avilir dans les plus atroces souffrances. Ça ne va pas Ta tête ?  Trouve autre chose, sinon je T’avertis, je fais la grève !

Et la MORT tourna le dos à SUPER PAPA en croisant les bras et en faisant la lippe

(suite au prochain numéro)

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aujourd’hui : Le printemps arrive.


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Et la MORT partit en vacance… (partie 2)

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(Suite de la partie 1)

SP – Bon, arrête de bouder et de ME niaiser. Qu’est-ce que tu proposes ?

La MORT – Et si je prenais des vacances ? De toutes petites vacances, rien que pour voir.

mort vacancesSP – Pas question, ils se prennent déjà assez pour des dieux. Si en plus JE leur octroie l’immortalité même pour 1 seconde… Et puis, tu oublies que JE me nourris de leurs émotions. Ça va être plutôt fade si JE n’ai plus que du positif et de l’amour à me mettre derrière la cravate.

La MORT – Mais je n’ai parlé de vacances que pour MOI, pas pour leur vulnérabilité ni leurs souffrances.

SP – Ah ? AH! Là, ça commence à devenir intéressant… Mais comment ça se fait que soudain tu ne m’abreuves plus de synonymes ?

La MORT – C’est parce que maintenant on est passé du stade de la requête à celui de la négociation qui exige rigueur et clarté. Alors ?

SP – Bon, JE t’accorde une seconde de vacances et…

La MORT – Une seconde de TON temps à TOI ?

SP- Ben sûr, voyons ! Pas une seconde à perdre de leur temps, ça ne servirait à rien.

La MORT – Ça veut dire 443 ans pour eux à souffrir ? Mais c’est abominable ! Mais c’est infâme ! Tu n’a décidément pas de coeur, TU es vraiment méchant, mauvais, cruel, féroce, un bourreau, un tortionnaire, un sadique. un…

Super Papa en colère

Super Papa en colère

SP- Arrête tes niaiseries ! On est toujours en négociation, non ? Alors, que proposes-tu ?

La MORT – De rentrer de vacances sitôt qu’à l’unanimité, ils viendront m’implorer de revenir au boulot.

SP- Mais, comme tu seras partie, ils ne sauront pas où te trouver. Amendement à la proposition : quand ils viendront M’implorer, MOI. Et tu penses sérieusement que ça prendra moins de temps que MA seconde ?

La MORT – On verra bien, mais au moins on leur laisse la liberté du choix, c’est plus démocratique.

SP – Accordé… Et maintenant comment qu’on procède ?

La MORT – As-tu d’la broue dans l’toupette (dépassé en Québécois) ou quoi ? Faut tout TE dire. TU es vraiment un cossard, une feignasse, la flemme… (grognement exaspéré de SP) OK, OK, mais là je te signale qu’on vient de sortir de la négociation pour entrer dans la programmation des mesures adoptées, donc retour à l’ambiguïté et à la confusion que seuls les synonymes peuvent à nouveau clarifier. (soupir de lassitude de SP) Eh bien, commence par leur annoncer que je ne serai plus là sans préciser de durée, comme ça la balle sera dans leur camp.

Le réseau social de Super Papa

Le réseau social de Super Papa

SP – OK ! JE donne immédiatement des ordres à mes lieutenants : Pape, Patriarches, Métropolites, Pasteurs, Vénérables, gourous, chamans, rabbins, Dalaï Lama, Imams, Grands Muftis, Ayatollahs…

La MORT – Halte là ! Arrête moi ça tout de suite. Tes sbires vont tataouiner, tergiverser, argumenter, objecter, ergoter, gosser, se chicaner, se quereller, se chercher des crosses (surtout les évêques), se bouffer le nez, s’entretuer, s’étriper, se… avant même de lever le plus petit bout de l’ongle. Et puis, ton organisation est complètement quétaine, dépassée, périmée, vétuste, ringarde, désuète, obsolète, archaïque… les mots me manquent. indegivrablesSois moderne, Vas-y par Internet sur fesse-bouc et twitter et TU toucheras en quelques secondes de leur temps même les tribus les plus isolées de la Terre. gorille-ordinateur-petitComme impact publicitaire, quelques jours avant l’annonce, TU leur fout un bug généralisé sur toutes leurs communications, histoire de les affoler complètement. Et puis, TU rétablis et paf ! TU leur flash ce qu’ils prendront pour LA BONNE NOUVELLE à grand renfort d’emoticones, d’effets 3 D etc…

SP – Et bien occupe t’en puisque tu es si savante.

La MORT – Ah non ! Ce n’est pas ma job, je risquerai un grief. Steve JobsTU as maintenant Steve Jobs pour faire le boulot bien mieux que moi. Il va TE trouver les bons hackers quitte à les faire venir d’en bas et ils vont T’organiser tout ça en un tour de neurones et de gigabytes. Mais dépêche-TOI car moi je débarque, je saque mon camp, je ne suis plus là, je suis partie, JE SUIS EN VACANCES !!!! 

Pfuittt!

…Et la MORT partit en vacances…

(suite au prochain épisode)

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aujourd’hui : Nouveau Charlie Hebdo en kiosques.


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Et la MORT partit en vacance… (partie 3)

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(suite de la partie 2)

À l’instant où la MORT partit jouer avec ses synonymes, elle cessa son service partout et pour tous en même temps sur la planète. Trop tard pour ceux qui venaient de mourir à la seconde près. Mais à la seconde près, le moratoire sur la mortalité toucha tous les êtres vivants en même temps, quels qu’en soient le règne, l’espèce ou la race.

Réincarnation - Nicklauus Manuel

Réincarnation – Nicklauus Manuel

Le principe même de toute existence est MANGE ou SOIS MANGÉ. Même les plus puissants et les plus intelligents finissent par se faire dévorer par les bactéries (y compris celles-ci entre elles) ou par les flammes. D’où l’impérative nécessité de PROCRÉER pour remplacer ce qui a été MANGÉ. Entre les 2, la VIE consiste à éviter de nourrir autrui afin d’accomplir le plus longtemps possible son devoir de croître et de multiplier. Dans ce fondement même de l’existence, LA MORT joue donc un rôle INDISPENSABLE. Comment allait-on pouvoir VIVRE sans ELLE ?

La réaction chez les végétaux fut la plus lente, comme de bien entendu, même pour les arbres qu’on était en train d’abattre. Dans le monde animal, comme les herbivores ne tuent pas en broutant, ils ne se rendirent pas compte tout de suite du changement. Sauf ceux qui étaient en train de se faire avaler par les carnivores, bien entendu. Même réduits en bouillie par la mastication, leurs morceaux continuèrent à se débattre dans l’estomac du carnassier. Vous pouvez imaginer leur surprise et leur désarroi complet d’entendre beugler ou braire leur estomac. On peut les comprendre.

Quand aux humains, trop dépendants de leur technologie, ils ne purent réaliser tout de suite l’énormité de ce qui arrivait, car tout le réseau Internet venait de flancher partout au même moment. Par recoupement, voici à peu près ce qui arriva.

Peinture de Lovis Corinth

Imaginez un peu la tête des pêcheurs quand ils s’aperçurent  que à bord des bateaux, les poissons continuaient à survivre une éternité après qu’ils eussent été pêchés. Tous les abattoirs du monde connurent des moments horrifiants, car non seulement les sacrifiés ne moururent pas, mais ils refusèrent obstinément d’être transformés en aliments. Un esprit de vengeance les animèrent, décuplé par la volonté de survivre. On vit des poulets égorgés se ruer sur leurs sacrificateurs pour leur percer les yeux avant de s’envoler en perdant leur sang. Les cochons mordirent, les boeufs encornèrent… bref ce fut une atroce boucherie des tueurs, équarrisseurs et autres. Horreur d’autant plus grande qu’eux-même ne pouvaient être tués malgré leurs blessures mortelles.

Ce fut la stupéfaction et la terreur la plus complète quand bourreaux et spectateurs virent le premier condamné à mort se redresser et les invectiver malgré les injections massives et répétées de létal. Quelle ne fut pas la stupéfaction des forces de répression  quand les opposants aux régimes totalitaires fauchés par la mitraille se relevèrent pour continuer leur combat. Ahurissement des tueurs à gage ou des psychopathes en voyant leurs victimes sanguinolentes ressusciter pour les défier. Les Kamikaze n’arrivaient plus à se faire sauter, les fanatiques à décapiter et les frappes aériennes à détruire.

La pire abomination se révéla avec l’immortalité des virus, microbes et bactéries que plus aucun anticorps et produit ne pouvait détruire. Les malades ne guérirent plus et les mourants n’arrivèrent plus à mourir. Avec l’afflux de blessés provoqué par la révolte des animaux et des humains, les hôpitaux furent d’autant plus vite débordés qu’ils l’étaient déjà en temps normal et que tous les appareils s’étaient éteints d’un seul coup. Ce furent les hurlements de douleur qui firent comprendre qu’il se passait quelque chose d’anormal et d’effrayant.

panneLa vraie panique qui secoua alors l’humanité fut provoquée par la disparition de toute communication à travers la planète. Elle frappa bien plus que par la disparition de toute mortalité et de ses conséquences catastrophiques. Incapables de recevoir des nouvelles de l’extérieur, les individus étaient accablés par le silence. Toute transmission de données s’était effacée d’un seul coup sur tous les écrans, de toutes les machines en même temps. GPS, Internet, radars, satellites, plus rien ne fonctionnait tant dans l’espace qu’à la surface que dans les profondeurs. Plus aucune centrale ni turbine ne purent produire ni fournir l’énergie vitale. Plus de guichets, plus de caisses, plus rien. Arrêt brutal et total pour tout et partout en même temps. Indescriptible chaos… sauf pour les aborigènes des très rares forêts vierges, ça va de soi.

Imaginez la tête des conducteurs de bateau, d’avion, de camion, de voiture qui ne se dirigeaient plus qu’à l’aide de la technologie, GPS ou conduite automatique sans chauffeur. Complètement perdus devant le vide soudain de leurs appareils. Détournement des satellites de leurs orbites et carambolages monstres. Perdition des stations spatiales. Sur terre, naufrages, crash, accidents, ce fut dans l’espace, dans l’air, sur terre, dans l’eau partout le cataclysme. D’autant plus que les noyés, les crashés, les accidentés de toutes sortes ne pouvaient plus périr bien qu’ils fussent dans le vide spatial, immergés, carbonisés, déchiquetés.

boucEmissaireHeureusement, le manque de contact évita un affolement généralisé. Toutes sortes d’hypothèses furent localement émises. Toutes sortes de responsables furent montrés du doigt. Il fallut trouver des bouc-émissaires et, chacun accusant l’autre, il y eut des saccages, des lynchages, des assassinats, des massacres. Mais comme de bien entendu, ils furent inutiles puisque personne ne pouvait mourir, mais ils ne le savaient pas encore. Et ce cauchemar dura 40 jours humains, 40 jours de désert dans les communications parce que Super Papa s’était trompé d’un zéro dans la nano seconde prévue à l’origine dans la concordance avec son temps.

1776389531Et puis, d’un seul coup, le miracle ! Sans que personne ne puisse expliquer ni pourquoi ni comment, ce qui restait de satellites reprit sa trajectoire, les GPS leurs fonctions et une image apparut en même temps sur tous les écrans, les tablettes, les téléphones portables, les montres et les lunettes intelligentes. En une seconde humaine, le réseau se remit à fonctionner provoquant encore des accidents mais surtout une joie sans borne. Oubliées les horreurs, tout allait recommencer comme avant. TOUT ?

(suite au prochain épisode)

En attendant, la vie continue et c’est aujourd’hui 4 mars l’anniversaire du fils aîné de T-Bear : Frédéric dit Fred 48 ans.

BON ANNIVERSAIRE FRED !!!

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aujourd’hui : Visite de Couillard à Charlie Hebdo.


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